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Portrait

Franck Mouthon, dans l'ADN de France Biotech

Le PDG fondateur de Theranexus, l'une des pépites françaises des biotechnologies, vient d'accepter la présidence de cette association de 250 membres, fleurons de la biotech mais aussi sociétés de conseil et financiers qui forment l'écosystème de la santé. Parmi ses missions : aider les sociétés en croissance à « faire jeu égal avec leurs rivales américaines, qui trouvent plus facilement 30 à 100 millions d'euros ».

Franck Mouthon.
Franck Mouthon. (JIM WALLACE)

Par Léa Delpont

Publié le 8 oct. 2019 à 07:27

De la paillasse au business... en 2013, Franck Mouthon a sauté le pas, quittant l'univers de la recherche publique pour l'entrepreneuriat. Et pour franchir ce cap, il a, dit-il, « énormément bénéficié de France Biotech »

C'est donc par gratitude comme par conviction que le PDG fondateur de Theranexus, l'une des pépites françaises des biotechnologies, a accepté la présidence de cette association de 250 membres, fleurons de la biotech mais aussi sociétés de conseil et financiers qui forment l'écosystème de la santé. Parmi ses missions : aider à mobiliser des investissements pour les sociétés en croissance, histoire de « faire jeu égal avec leurs rivales américaines, qui trouvent plus facilement 30 à 100 millions d'euros »

Mais, depuis deux ans au conseil d'administration, ce normalien, habité par la science, a déjà imprimé sa marque en créant l'Observatoire du transfert de technologies en santé, qui associe l'Inserm, les SATT, le CNRS, le CEA, l'HP-HP… pour fluidifier les relations entre des mondes privé et public pas toujours coopératifs.

Epris de liberté, ce fils d'une institutrice et d'un professeur de l'Ecole vétérinaire de Maison-Alfort admire la résilience sans bornes tant du chercheur désintéressé que de l'entrepreneur obstiné. A ses yeux, hommes d'affaires et scientifiques partagent le moteur puissant de la prise de risque. « L'échec fait partie de ma culture, assume le chercheur défroqué. Combien de fois ai-je eu des idées et des hypothèses lumineuses, élégantes, mais qui se sont avérées fausses ? Si on n'échoue pas un peu, c'est qu'on n'a pas pris assez de risque. »

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Lui a d'abord rejoint, en 1995, la direction des sciences du vivant du Commissariat à l'énergie atomique. Guidé par les travaux de trois prix Nobel sur les prions, méchantes protéines infectieuses, ravageuses pour le cerveau, il se passionne pour les mécanismes des virus. Et cherche des réponses à la dégénérescence neuronale. Il se spécialisera en neuro-virologie à l'Institut Pasteur. 

En 2008, au CEA, il fait, avec son étudiant Mathieu Charveriat, une découverte sur le rôle des cellules non neuronales (ou cellules « gliales ») dans la réponse aux médicaments psychotropes, utilisés pour traiter l'épilepsie, la maladie d'Alzheimer ou les dépressions… 

La technologie est brevetée. Commence alors ce que ce fan de Yann Tiersen et de Peter Gabriel appelle sa « révolution culturelle ». De quoi l'amener à créer Theranexus à Lyon - sa ville natale. « Il a le don de fédérer, de donner confiance », affirme Mathieu Charveriat, devenu son associé et son directeur scientifique. L'ancien directeur de thèse, pince-sans-rire, a beau être, lui même, un « cerveau », « il ne se prend pas au sérieux. Il a beaucoup d'humour, poursuit Mathieu Charveriat. Il agrège les énergies par la force de sa gentillesse. Et il est capable de changer d'avis ». 

Franck Mouthon a endossé le costume-cravate, non sans « mettre à jour son logiciel » en suivant le programme d'entrepreneuriat HEC Challenge +. Et ne regrette rien, s'estimant « chanceux d'avoir déjà vécu deux vies » à 48 ans. 

Depuis 2017, sa société de 19 personnes est cotée sur Euronext Growth. Elle vient de recruter un dernier patient atteint de la maladie de Parkinson pour l'étude clinique de phase II de son candidat médicament THN102. Cette combinaison de modafinil et flécaïnide vise à atténuer certains symptômes de la maladie, pour lesquels il n'existe aucun traitement : la somnolence diurne, la perte de vigilance et la baisse de la cognition. 

Franck Mouthon, qui garde un côté un peu professeur Tournesol rêveur derrière ses petites lunettes, n'a plus guère de loisirs, hormis la navigation. En vacances, il vogue à bord d'un voilier habitable vers les îles Anglo-Normandes ou sur la mer d'Iroise autour d'Ouessant. Ces croisières en famille avec ses deux jeunes matelots le comblent d'exotisme. Son troisième fils, né la semaine dernière, devra encore attendre un peu pour rejoindre l'équipage.

Léa Delpont    

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